Marina Michenet, la maquilleuse de Nicolas Sarkozy pendant plus de dix ans, avait livré ses secrets à Vanity Fair en 2016…
« Marina » : ce prénom revenait sur les agendas Hermès de Nicolas Sarkozy à n’importe quelle heure de l’emploi du temps présidentiel, le matin à l’aube, en plein après-midi, parfois même le soir. Des tête-à-tête visiblement impératifs calés entre des rendez-vous avec Vincent Bolloré, Martin Bouygues, François Pinault, Bernard Arnault…
Les vérifications policières révéleront lors de l’affaire Bettencourt que la mystérieuse Marina Michenet était sa maquilleuse, employée à plein-temps entre 2010 et 2012 à l’Élysée.
Marina Michenet est une pro. Ses pinceaux ont effleuré de nombreuses célébrités : de Françoise Sagan à Jeanne Moreau, en passant par Philippe Noiret, Robert Redford, Monica Bellucci, Sophie Marceau, Claudia Schiffer, Ornella Muti, Sharon Stone, Kate Moss, Estelle Hallyday, Sophie Marceau, Anne Sinclair, DSK, Annie Girardot…
En juillet 2003, un journaliste de TF1 convoque Marina place Beauvau à 8 heures pour une interview de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, après l’arrestation d’Yvan Colonna, l’assassin du préfet Érignac. Jusqu’ici, elle n’a maquillé qu’un homme politique : François Mitterrand, dix ans plus tôt, un soir d’hiver à l’Élysée.
« Il parlait beaucoup. J’ai sorti ma pince recourbe-cils et je lui ai mis du mascara au doigt. Ça l’a fait sursauter alors je lui ai dit : “Mais vous avez un regard de chien battu !” À ce moment-là, j’ai réalisé que je parlais à un ministre. J’ai rougi et je me suis excusée. »
« La maquilleuse est directe, méticuleuse, soignée. Sarkozy apprécie, lui qui n’a jamais supporté qu’on le touche, tant il est obnubilé par l’hygiène ».
« Celle-là, au moins, elle n’a pas les cheveux rouges ni de piercing dans le nez ! » dit-il à ses collaborateurs.
« L’homme ne laisse pas indifférent ; son énergie m’impressionne », précise-t-elle.
Elle le suit de meetings en émissions de télévision : maquillage express, toujours debout, du mascara, de l’anticernes, un soupçon de rouge à lèvres, de la poudre pour rendre le teint moins jaune.
Souvent, elle retrouve Nicolas Sarkozy en nage, griffé, la chemise déchirée, les boutons de manchettes arrachés par les militants.
« Mais pourquoi ai-je eu cette ambition ?«
« En 2007, c’était pire qu’une rockstar. Moi, je joue l’apaisement, le silence. On se parle par des regards. On a nos petites habitudes, des mini-douches au brumisateur d’Évian pour qu’il se change vite et qu’il évite de prendre froid. Il a la gorge si fragile… », raconte-t-elle.
Elle connaît tout des rivalités de son entourage politique, des tourments conjugaux du candidat à la présidence, de sa tristesse. Le soir de la victoire des présidentielles, elle l’attrape au vol sur les Champs-Élysées, à la sortie du Fouquet’s, avant qu’il ne retrouve Cécilia pour rejoindre la place de la Concorde, où la foule l’attend.
À peine installé à l’Élysée, Nicolas Sarkozy la convoque. « Sarko était comme un môme, se souvient-elle. Il m’a dit : “Eh bien maintenant, tu vas maquiller le président !” »
Quatre jours plus tard, son engouement est déjà retombé. « Mais pourquoi ai-je eu cette ambition ? » lui demande-t-il.
« Ils lui mentent tous. Ils lui cachent tout. Ils ont peur de dire les choses. »
Un jour, Nicolas Sarkozy découvre que François Fillon lui avait demandé, sans permission, un léger raccord. « Sarko a hurlé, engueulé copieusement Fillon, se souvient Marina. Puis il m’a prise à part et il m’a prévenue : “Plus jamais tu me fais ça !” »
Seuls les chefs d’État étrangers ont une dérogation. « J’ai ma maquilleuse ; si tu veux, je peux te la prêter », propose fièrement Nicolas Sarkozy à Angela Merkel.
Marina se souvient de ce jour de mars 2012 où, en pleine pose de fonds de teint, elle voit Nicolas Sarkozy « frémir ». À Toulouse, Mohammed Merah vient de tirer sur des enfants dans une école juive. « Par moments, c’était trop dur à porter. Je ne pouvais en parler à personne, pas même à mon compagnon car à la moindre fuite, on m’aurait soupçonnée. Vous êtes tenue au silence. Au fond, vous n’êtes rien. », raconte-t-elle.
Marina ne supportait pas toutes ces hypocrisies à l’Elysée alors que Nicolas Sarkozy ne voit rien. Il est sans cesse au combat, fébrile. « Ils lui mentent tous. Ils lui cachent tout. Ils ont peur de dire les choses. », se souvient-elle.
Depuis, Marina est restée fidèle à Sarkozy. « Avec son assistante, je suis la seule qui reste de l’ancienne équipe, réalise-t-elle. Je fais partie des meubles. »
Le plus souvent, elle maquille Nicolas Sarkozy à domicile. Elle se souvient de ce samedi où il l’avait convoquée à l’aube avant de partir pour une réunion à Saint-Étienne.
« Tu vois un peu la journée qui m’attend, a-t-il soupiré en buvant son café noir. Je suis fatigué. »