L’exposition de Bastien Vivès a été déprogrammée au Festival d’Angoulême suite à de vives polémiques jugeant son oeuvre pédopornographique sous certains abords. Des artistes signent une tribune en défense de la liberté d’expression suite à l’affaire.
« Il faut bien invoquer de nobles causes pour limiter les libertés. »
Ils sont une quarantaine d’artistes a avoir réagi à l’évincement de l’exposition de Bastien Vivès au Festival d’Angoulême. Son oeuvre jugée pédopornographique par certains, a été déprogrammée, ce qui soulevé un débat sociétal autour de la liberté de création. Des artistes, parmi lesquels, Blanche Gardin, Oxmo Puxino et bien d’autres ont signé une tribune dans les colonnes du Journal Le Monde, publiée le 1er février 2023, pour dénoncer le risque de censure dans les milieux artistiques .
« Faut-il que plus rien ne soit publié sans passer par les fourches caudines de censeurs – les fameux sensitivity readers – qui vérifieront la conformité de chaque ligne à la morale dominante ? Et, en ce cas, quel sens aura encore l’activité artistique ? Qu’est-ce donc que cela, si ce n’est la réintroduction, par une fraction de la société, d’un délit d’outrage aux bonnes mœurs qui avait valu à Flaubert d’être poursuivi en 1857, car l’art, disait-on, devait poursuivre « un but moral » et contribuer à « épurer les mœurs ». Il faut bien invoquer de nobles causes pour limiter les libertés. » dénonce la tribune.
« Aucun auteur ne peut créer en tremblant. »
Ils défendent « la part d’ombre » en chacun de nous, qui est questionnée par l’oeuvre en question et les conséquences d’une telle censure dans le milieu artistique pour l’acte de création : « Comment un artiste pourrait-il encore prendre des risques, interroger sa part d’ombre (et la nôtre), chercher à bousculer, à remuer les passions humaines, à questionner notre condition commune – parfois sombre – en se demandant, à chacune de ses productions, si son prochain habit ne sera pas fait de goudron et de plumes ? Aucun auteur ne peut créer en tremblant. »