Dans un verdict très attendu qui marque une victoire significative pour le mouvement MeToo en France, le tribunal correctionnel de Paris a condamné le réalisateur Christophe Ruggia à deux ans de prison ferme pour agressions sexuelles sur l’actrice Adèle Haenel. La décision, rendue ce 3 février 2025, vient clore un chapitre douloureux pour l’actrice, qui avait courageusement brisé le silence en 2019.
Adèle Haenel a pris conscience de la gravité des faits
Le tribunal a reconnu Ruggia coupable d’avoir abusé d’Adèle Haenel alors qu’elle n’était qu’une adolescente, entre ses 12 et 15 ans. L’actrice, révélée au grand public par le film « Les Diables » dirigé par Ruggia lui-même, a décrit des week-ends où elle se sentait contrainte de se rendre chez le réalisateur. Là, il lui imposait des caresses non désirées sur les cuisses, la poitrine, le ventre et l’entrejambe. Ce n’est qu’en 2004 qu’Adèle Haenel a pris conscience de la gravité des faits, et en 2005, elle a mis fin à leur relation toxique par une lettre.
Cette déclaration a provoqué une réaction furieuse de l’actrice
Le procès, qui s’est déroulé les 9 et 10 décembre 2024, a été le théâtre d’un affrontement intense entre l’accusé et sa victime. Ruggia, qui risquait jusqu’à dix ans d’emprisonnement et 150.000 euros d’amende, a tenté de se défendre en affirmant avoir cherché à protéger Haenel au début de sa carrière. Cette déclaration a provoqué une réaction furieuse de l’actrice, qui n’a pas hésité à lui intimer de se taire avec véhémence.
Adèle Haenel n’était pas seule dans cette épreuve. Judith Godrèche, elle-même engagée dans la lutte contre les agressions sexuelles dans le milieu du cinéma, était présente au tribunal pour apporter son soutien à sa consœur. Ensemble, elles incarnent la résistance face à un système qui a trop longtemps fermé les yeux sur de tels comportements.
Depuis le début de cette affaire, Adèle Haenel a été à la fois louée pour son courage et critiquée pour ses prises de position tranchées contre l’industrie cinématographique. Son départ de la cérémonie des César en 2020, suite à la récompense attribuée à Roman Polanski, avait fait grand bruit. En mai 2023, elle a même annoncé son retrait du monde du cinéma, affirmant vouloir « politiser » sa décision.