Dans l’arène politique, les échanges entre adversaires peuvent parfois prendre des allures de véritables joutes verbales. C’est ce qui s’est produit lors de la récente conférence des présidents à l’Assemblée nationale, où Marine Le Pen, la présidente du groupe Rassemblement national, a su jouer de finesse pour interpeller le nouveau Premier ministre, Michel Barnier.
« Ah bon ? Parce que je suis la présidente du premier groupe d’opposition et vous ne m’avez toujours pas appelée »
L’atmosphère était électrique ce mardi 24 septembre, et Marine Le Pen n’a pas manqué l’occasion de marquer le coup. En s’approchant de Michel Barnier, elle s’est présentée avec une assurance déconcertante : « Bonjour monsieur le Premier ministre, je suis Marine Le Pen, présidente du groupe Rassemblement national. » À cela, Michel Barnier, surpris, a répondu : « Mais je sais qui vous êtes ! » C’était sans compter sur la réplique de Marine Le Pen qui a aussitôt lancé : « Ah bon ? Parce que je suis la présidente du premier groupe d’opposition et vous ne m’avez toujours pas appelée ».
Une remarque qui a visiblement touché sa cible, puisque moins de deux heures plus tard, le Premier ministre s’empressait de téléphoner à la fille de Jean-Marie Le Pen pour s’excuser.
« Que le Premier ministre se mette à appeler Marine Le Pen pour la rassurer, ça ne me va pas du tout »
Le même jour, Antoine Armand, le nouveau ministre de l’Économie, a déclaré sur France Inter être ouvert au dialogue avec tous les partis, à condition qu’ils soient dans l’arc républicain, excluant ainsi le Rassemblement national. Marine Le Pen n’a pas tardé à réagir, exigeant des excuses de la part de Matignon. Des excuses qu’elle a reçues par téléphone, avec l’assurance de la « courtoisie républicaine » de la part du Premier ministre. Cependant, cette démarche a provoqué un certain malaise au sein de l’ex-majorité présidentielle. Erwan Balanant, député MoDem, a exprimé son mécontentement : « Que le Premier ministre se mette à appeler Marine Le Pen pour la rassurer, ça ne me va pas du tout. S’il y a un accord entre eux, il faut qu’on nous le dise. Mais ce sera sans moi. »
Cette interaction entre Marine Le Pen et Michel Barnier soulève des interrogations sur la stratégie politique du Premier ministre. Est-il prêt à tout pour éviter la colère de Marine Le Pen ? Les réactions au sein de son propre camp montrent que la question est loin d’être anodine. Michel Barnier se retrouve ainsi dans une position délicate, où chaque geste et chaque parole sont scrutés et analysés.