Michel Boujenah, figure emblématique du cinéma français, a récemment ouvert son cœur lors d’une émission radio, révélant une expérience qui l’a profondément marqué. L’acteur et humoriste a confié à Bernard Montiel, sur les ondes de RFM, les détails d’un voyage à Tunis, sa ville natale, qui a ravivé des souvenirs douloureux au point de souhaiter les effacer de sa mémoire.
« Ça a été terrible »
« La dernière fois que je suis allé en Tunisie, c’est pour tourner dans un film et j’avais une matinée de libre. Je suis allé voir ma maison de Tunis. Ça a été terrible. Jamais j’aurais dû y aller. Il ne faut pas toucher aux souvenirs », a-t-il partagé, ému. Ce qui s’annonçait comme une quête nostalgique s’est transformé en une épreuve pour Boujenah. « Mais non, tu quittes un endroit quand t’as onze ans et que tu reviens, t’en as 72… crois-moi que ça a changé. C’est sacrément violent », a-t-il poursuivi, soulignant l’impact du temps et du changement sur les lieux de l’enfance.
« Moi je ne voulais pas quitter la Tunisie, j’ai cassé toutes les fenêtres de la rue où j’habitais avec mon lance-pierre »
Né en 1952 à Tunis, Michel Boujenah a été contraint de quitter sa terre natale à l’âge de 11 ans. Un départ qu’il n’a ni compris ni accepté sur le moment. « Moi je ne voulais pas quitter la Tunisie, j’ai cassé toutes les fenêtres de la rue où j’habitais avec mon lance-pierre », a-t-il raconté, évoquant sa révolte enfantine. « C’était ma révolte à moi, j’ai arrêté de manger, de dormir… Je me suis rendu malade. » Ce n’est que des années plus tard qu’il a compris les raisons de cet exil, liées à l’identité juive de sa famille dans un contexte de tension.
Au-delà de son histoire personnelle, Michel Boujenah a profité de son intervention pour lancer un appel poignant contre la guerre et pour la paix. « Il y a des gens qui n’existent que par la guerre », a-t-il déclaré, faisant écho aux conflits actuels et à leurs victimes innocentes. Il a également partagé un souvenir tendre de sa mère, qui chantait dans les églises bien qu’elle ne fût pas catholique, témoignant de la richesse culturelle et de la tolérance de son enfance tunisienne.