Dans les couloirs feutrés de l’Assemblée nationale, un lieu semble déroger à la règle de la rigueur et de la sobriété attendues des élus de la République : la buvette. Cet espace de convivialité, où les députés aiment à se retrouver entre deux séances, est devenu le symbole d’une consommation d’alcool et de drogues qui inquiète. Entre responsabilités écrasantes et horaires à rallonge, certains parlementaires semblent trouver dans ces substances un échappatoire préoccupant.
« Tout métier qui est stressant, avec des horaires décalées, de fortes responsabilités est un terrain très favorable aux addictions »
« Tout métier qui est stressant, avec des horaires décalées, de fortes responsabilités est un terrain très favorable aux addictions », souligne Amine Benyamina, chef du service psychiatrie et addictologie à l’hôpital Paul Brousse. Cette analyse fait écho à la réalité d’un Parlement où la consommation d’alcool est non seulement permise mais parfois encouragée par une culture de la convivialité qui peut rapidement mener à des dérapages.
« Vous avez l’air d’un casse-pied si on vous propose un verre et que vous refusez »
« Vous avez l’air d’un casse-pied si on vous propose un verre et que vous refusez », confie un député, témoignant de la pression sociale à consommer. Les anecdotes ne manquent pas, comme celle rapportée par l’ex-président de l’Assemblée François de Rugy, où une soirée a nécessité l’intervention des forces de l’ordre. « Il y a un côté festif à la buvette, un peu léger. Mais à côté de ça, il y aussi ceux pour qui ça permet aussi de tenir le coup quand vous devez siéger parfois très tard », admet un ancien député.
Si l’alcool est une présence familière, les drogues restent un sujet tabou, bien que leur présence soit de plus en plus évidente. Des affaires récentes, comme celle du député LFI Andy Kerbrat interpellé pour achat de drogue de synthèse, révèlent une réalité souvent tue. « Les gens ont peur d’en parler parce qu’on ne vous passe rien quand vous êtes député », déplore la députée socialiste Dieynaba Diop, soulignant la difficulté d’admettre une addiction dans un milieu où l’image de l’homme politique infaillible prédomine.
Ces révélations sur les excès à l’Assemblée nationale posent la question de la santé mentale et physique de nos représentants. La toxicomanie, souvent perçue comme une faiblesse, est une maladie qui nécessite une prise en charge et un accompagnement adaptés. « Dire qu’on est fatigué, au bout du rouleau, qu’on a besoin de se faire aider est inentendable », se désole une députée écologiste, mettant en lumière le déni qui entoure ces questions.