Amélie Nothomb a une fragilité assumée, que ce soit dans ses livres ou en interview. On savait que sa vie avait été difficile. Son dernier livre traite du plus gros traumatisme de sa jeunesse et sûrement de sa vie : un viol à 12 ans par quatre hommes au Bangladesh…
Amélie Nothomb surprend dans ses llivres comme dans la vie. De noir vêtue avec ses chapeaux originaux, mêlant élégance et originalité, tristesse et fragilité assumée, l’écrivaine a écrit une trentaine de romans tous aussi bouillonnants les uns que les autres, qui révèlent pour la plupart des moments de sa vie difficile.
« J’ai vraiment cru que j’allais mourir »
Dans Psychopompe, son dernier livre publié le 15 août 2023, elle raconte le viol qu’elle a subi à l’âge de 12 ans par quatre hommes lors de vacances au Bangladesh en 1978.
« Je n’avais pas vu les quatre hommes arriver, je ne comprenais même pas ce qu’il se passait, je sentais des mains innombrables qui m’attiraient sous l’eau et m’ont fait tout ce que l’on peut faire. J’ai vraiment cru que j’allais mourir mais ce qui l’emportait, c’était la terreur, il m’a fallu un siècle pour crier, ma mère est arrivée en courant, ce qui les a fait fuir », a-t-elle livré à ELLE.
Personne ne lui en parlera, comme si de rien. Heureusement sa mère prononcera juste deux mots : « Pauvre petite ! », qui suffiront à dire son cauchemar et à ne pas se cacher de ce qu’elle venait de vivre : un viol.
« Ces deux mots attestaient de ce qui venait de m’arriver, sans eux je me serais accusée de ce qu’il venait de m’arriver, sans eux, je me serais accusée de l’avoir invité, et à cette chose déjà très culpabilisante se serait ajoutée la culpabilité d’avoir menti », a-t-elle raconté.
Cependant, ces deux mots, évidemment ne suffiront pas à la sauver instantanément du traumatisme. Amélie Nothomb plongera dans une dépression pendant neuf mois, qui la conduiront à une anorexie pendant dix ans, jusqu’à un voyage au Japon.
L’anorexie l’a sauvée de son traumatisme
« Ces neuf mois ont de très loin été les plus horribles, c’était l’horreur tout le temps, c’était en boucle dans ma tête : je suis dégradée, disqualifiée, je ne vaux plus rien, cette vie ne vaut plus rien », confie-elle à ELLE.
Son anorexie lui a permis de la « ramener du côté de la vie » : « J’ai cessé de manger et c’est terrible à dire mais dans mon cas, ça a été une très bonne idée, ça a agi comme une espèce de chimiothérapie sur ce qui m’était arrivé. J’ai bien failli y laisser ma peau, j’ai souffert comme un chien mais dès l’instant mais dès l’instant où j’ai mis cette machine en branle, le problème précédent s’éloignait, jusqu’à ne plus exister. Ça m’a sauvée de ça, je n’étais plus cette personne à qui ceci était arrivé, je la tuais en moi ».
Des propos à l’image de ses livres et de ce qu’elle est : sa fragilité sonne comme une force chez elle.