Dans une France politique en pleine recomposition, l’ancien ministre de la Justice prend la plume pour revenir sur son expérience gouvernementale. Entre confidences personnelles, réflexions sur le pouvoir et critiques acerbes, ce témoignage offre une immersion rare dans les coulisses de la Place Vendôme, livrant un regard sans concession sur les rouages de la République.
Une plongée dans les arcanes du pouvoir
L’ancien garde des Sceaux publie ses mémoires ministérielles le 25 septembre aux éditions Michel Lafon. Co-écrit avec Marc-Olivier Fogiel, l’ouvrage retrace son parcours gouvernemental de juillet 2020 à septembre 2024, soit comme il le précise avec minutie : « 4 ans, 2 mois et 17 jours » au service de la Justice.
Dans « Juré, craché », Éric Dupond-Moretti lève le voile sur les doutes qui l’ont assailli lors de sa nomination surprise.
« Je me demande : ‘Pourquoi moi ? Vais-je y arriver ? Comment vais-je mettre en œuvre ce que j’ai dit au président de la République et au Premier ministre ? Je ne sais pas ce qu’est une direction, je ne sais pas comment on constitue un cabinet’. Tout est à construire, et c’est vertigineux ! Je suis saisi par la panique mais je n’ai pas le temps de réfléchir (…). »
Vie privée et engagement public
Une relation mise à l’épreuve
L’ancien ministre évoque avec franchise l’impact de sa nomination sur sa vie personnelle, notamment sa relation avec la chanteuse Isabelle Boulay. Il révèle que sa compagne était partagée face à cette nouvelle fonction qui allait bouleverser leur quotidien.
« Je sens bien qu’elle n’est pas dans un enthousiasme débordant à l’idée que notre vie soit ainsi chamboulée. Mais elle sait que j’ai toujours respecté sa carrière artistique, et, en retour, elle respecte mon choix, ce dont je lui serai éternellement reconnaissant (…) »
Dupond-Moretti confirme également leur union civile, annoncée en 2021 : « Nous sommes pacsés, si vous voulez tout savoir (…) Vous allez très loin, on arrive à la limite de la piste, là ! »
Rémunération et transparence
Face aux controverses sur son patrimoine, l’ancien ministre dénonce ce qu’il considère comme un acharnement médiatique injustifié.
« Ce voyeurisme médiatique autour de mon patrimoine est indigne et s’inscrit dans un panurgisme journalistique où chacun se sent obligé de participer, même ceux qui n’y tiennent pas particulièrement (…) »
Il apporte également des précisions sur la réalité financière d’un ministre : « un ministre gagne 6 800 euros net, impôts payés et, si j’ai bien conscience qu’il y a pire salaire, il faut rapporter cette somme au volume de travail. J’ai calculé 432 heures de travail par mois, soit un taux horaire de 15,70 euros, chacun jugera. »
Loyauté et critique politique
Dans son livre, Éric Dupond-Moretti ne mâche pas ses mots concernant ceux qui, selon lui, abandonnent le président de la République à l’approche de la fin de son mandat.
« À deux ans de la fin de son second mandat, je vois des rats quitter le navire, oubliant même, pour certains d’entre eux, qu’ils doivent tout à Emmanuel Macron », écrit-il avec virulence.
Malgré son départ du gouvernement, l’ancien ministre réaffirme sa fidélité au chef de l’État lorsqu’on l’interroge sur son engagement : « Oui ! Même si, bien sûr, tout n’a pas été parfait. »
Ce témoignage politique, entre règlements de compte et introspection, promet d’éclairer sous un nouveau jour les coulisses du pouvoir macroniste et le parcours atypique de celui qui fut surnommé « l’Acquittator ».



A la base, juste un avocat marron?