Dans un contexte mêlant passions historiques et nécessités financières, le monde des enchères a vibré au rythme impérial le 25 juin dernier. La dispersion d’une partie de la célèbre collection napoléonienne a largement dépassé les attentes, reflétant l’attrait persistant pour les objets liés à l’Empereur deux siècles après sa disparition.
Une vente aux résultats exceptionnels
La maison Sotheby’s peut se féliciter d’avoir orchestré un événement qui restera dans les annales. La vente d’une partie de la collection napoléonienne de Pierre-Jean Chalençon a généré 8,7 millions d’euros, surpassant nettement l’estimation initiale de 6 millions d’euros.
Ce succès se mesure également par le taux de vente remarquable, avec 90% des œuvres ayant trouvé preneur. Ces résultats témoignent de l’intérêt soutenu des collectionneurs et institutions pour les objets liés à Napoléon Bonaparte.
Trois lots particulièrement significatifs ont été préemptés par des musées, assurant ainsi que certaines pièces historiques majeures resteront accessibles au public dans des collections nationales.
Des trésors impériaux d’exception
Objets personnels de l’Empereur
Parmi les pièces maîtresses de cette collection figurait l’un des rares bicornes ayant appartenu à Napoléon, estimé entre 500 000 et 800 000 euros. Ces chapeaux emblématiques, portés de façon si caractéristique par l’Empereur, sont parmi les objets les plus recherchés par les collectionneurs spécialisés.
Une chevalière en or et diamants, estimée entre 200 000 et 300 000 euros, comptait également parmi les objets personnels les plus précieux mis aux enchères, tout comme un sabre de cérémonie, une épée et un bâton de héraut.
Mobilier et arts décoratifs
Le mobilier impérial constituait un autre point fort de la vente, avec notamment un fauteuil du trône estimé entre 400 000 et 600 000 euros. La collection comprenait également de l’argenterie raffinée, des porcelaines d’exception et diverses sculptures évoquant l’ère napoléonienne.
Œuvres d’art et documents historiques
Les amateurs d’art ont pu enchérir sur des tableaux de maîtres comme Gros, Gérard ou Fontaine, chacun estimé à près de 150 000 euros. Ces artistes, contemporains de Napoléon, ont contribué à façonner l’image impériale que nous connaissons aujourd’hui.
La vente proposait également des documents historiques d’une valeur inestimable, notamment un codicille du premier testament de Napoléon (estimé entre 300 000 et 500 000 euros) et la copie du certificat de son mariage religieux avec l’impératrice Joséphine.
Une vente motivée par des impératifs financiers
Si cette dispersion a ravi les collectionneurs, elle s’inscrit dans un contexte financier délicat pour Pierre-Jean Chalençon. Le collectionneur, endetté à hauteur de près de 10 millions d’euros, cherche également à vendre le Palais Vivienne, propriété parisienne qui pèse lourdement sur ses finances.
Ce n’est pas la première fois que Chalençon se sépare de pièces de sa collection. Il y a trois ans déjà, il avait dû vendre certains objets pour faire face à ses obligations financières. Il avait alors confié : « Effectivement, j’ai vendu, pas par gaieté de cœur, mais pour payer les frais financiers de mon Palais Vivienne pour lequel je me suis endetté à l’achat, soit 30.000 à 40.000 euros par mois ».
Une mise en scène artistique pour un adieu
L’exposition précédant la vente, ouverte au public depuis le 19 juin 2025, avait bénéficié de la créativité du designer Jean-Charles de Castelbajac pour sa scénographie. Cette collaboration artistique a permis aux visiteurs d’admirer une dernière fois cet ensemble exceptionnel avant sa dispersion.
Malgré la nécessité financière qui a motivé cette vente, le succès des enchères confirme la valeur exceptionnelle de cette collection patiemment constituée par Pierre-Jean Chalençon au fil des années.